Le directeur de la CIA, William J. Burns — capo du plus grand diffuseur de bobards et de désinformation au monde — répand le gros mensonge selon lequel on a affaire à une invasion « non provoquée » de l’Ukraine par la Russie

Le directeur de la CIA, William J. Burns
— capo du plus grand diffuseur de bobards et de désinformation au monde —
répand le gros mensonge
selon lequel on a affaire
à une invasion « non provoquée »
de l’Ukraine par la Russie

Par Jeremy Kuzmarov

Une publication CovertAction Magazine


Ingérence Impérialisme Guerre Propagande Médias
États-Unis Russie Ukraine Occident Eurasie
Article

Traduit de l’anglais par EDB () • Langue originale : anglais


Le gros mensonge des États-Unis repose sur la thèse d’une agression russe non provoquée.

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Burns qualifie avec mépris de propagande russe les preuves démontrant que les États-Unis ont provoqué l’invasion de manière fallacieuse afin de générer une nouvelle guerre froide

Début mars, le directeur de la CIA, Bill Burns,1 a déclaré devant la commission sénatoriale du renseignement que la Russie et Vladimir Poutine étaient « en train de perdre la guerre de l’information sur sa guerre en Ukraine ».

« Au cours de toutes les années que j’ai passées dans ma carrière de diplomate, j’ai vu trop de cas où nous avons perdu la guerre de l’information face aux Russes », a déclaré Burns, mais « celle-ci est une guerre de l’information que, selon moi, Poutine est en train de perdre […]. Dans le cas présent, je pense que nous avons produit beaucoup d’effets en perturbant leurs tactiques et leurs calculs et en démontrant au monde entier qu’il s’agit d’une agression préméditée et non provoquée construite sur un tissu de mensonges et de faux récits ».

George Orwell doit se retourner dans sa tombe avec la performance de Burns. Tout en fustigeant hypocritement la Russie pour avoir promu un « tissu de mensonges » et de « faux récits », Burns a admis avoir utilisé les mêmes tactiques dans une guerre de l’information où les deux parties déformaient la vérité.

Le gros mensonge des États-Unis repose sur la thèse d’une agression russe non provoquée.

Comme l’a déjà signalé CovertAction Magazine, la guerre a en fait été déclenchée il y a huit ans par l’Ukraine, lorsque celle-ci a envoyé des troupes dans l’est du pays pour tenter de soumettre les sécessionnistes prorusses qui ont résisté au coup d’État soutenu par les États-Unis, en février 2014.

Avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février, les cartes de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) montraient que les tirs qui violaient les dispositions de cessez-le-feu prévues par les accords de Minsk étaient principalement le fait du gouvernement ukrainien, qui avait contraint les habitants de Lougansk et de Donetsk à vivre dans des bunkers souterrains pendant des années.

Mission spéciale de surveillance de l'OSCE en Ukraine (Special Monitoring Mission to Ukraine / SMM) — Rapport quotidien 39/2022 publié le 19 février 2022

Selon le vice-ministre russe des Affaires étrangères, l’Ukraine avait massé 122 000 soldats à la frontière du Donbass à la veille de la guerre. La Douma a affirmé disposer de renseignements indiquant que ces troupes préparaient une offensive dans le Donbass, que l’invasion russe a devancée.

Le 21 février, la Russie a déclaré avoir capturé un soldat ukrainien et en avoir tué cinq autres après qu’ils ont traversé le territoire russe à Rostov, juste au-dessus de la frontière avec l’Ukraine.

Carte montrant les concentrations de troupes ukrainiennes à la veille de l’invasion russe, le 24 février 2022 [Source : Milice populaire du DNR (Народная милиция ДНР / Telegram, @nmdnr_bot)]

Les États-Unis ont en outre provoqué la guerre en refusant de se plier à la demande légitime de Poutine — qui souhaitait que l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) ne s’étende pas à l’Ukraine ou à toute autre région frontalière de la Russie —, contrairement à la promesse faite en 1990 par le secrétaire d’État américain James A. Baker et selon laquelle l’OTAN ne s’étendrait pas « d’un pouce vers l’est ».

La poussée vers l’est de l’OTAN [Statista]

Les États-Unis ont également armé et équipé l’armée ukrainienne d’armes meurtrières pendant des années, notamment de missiles antichars Javelin, qui ont abattu au moins 50 chars dans la guerre jusqu’à présent, et la CIA a formé les unités paramilitaires ukrainiennes aux techniques de sniper et à la guerre irrégulière.

Missiles antichars Javelin fournis à l’armée ukrainienne par les États-Unis [Andriy Tsapliyenko / Telegram]

Biolabs, faux drapeaux, armes chimiques et récits d’atrocités

Au cœur de la guerre de l’information actuelle se trouvent des allégations d’atrocités à grande échelle, d’attaques sous faux drapeau et de guerre chimique.

La Russie a également accusé les États-Unis de posséder des laboratoires de guerre biologique en Ukraine. Le secrétaire de presse Jen Psaki a affirmé que cette dernière allégation faisait partie d’une opération de désinformation russe. Toutefois, la sous-secrétaire d’État Victoria Nuland a admis que des laboratoires d’armes biologiques existaient en Ukraine et qu’elle craignait que les troupes russes ne cherchent à en prendre le contrôle, des documents ayant fait l’objet d’une fuite montrant que des contractants du Pentagone avaient accès à ces laboratoires.

[OpIndia.com]

Atrocités

Le 13 mars, la Russie a été accusée d’avoir bombardé une maternité à Marioupol, tuant une femme enceinte et son bébé. Les responsables russes ont affirmé que la maternité avait été prise par des extrémistes ukrainiens qui l’utilisaient comme base, et qu’il n’y avait plus de patients ni de personnel médical à l’intérieur. L’ambassadeur de Russie auprès des Nations unies et l’ambassade de Russie à Londres ont qualifié ces images de « fake news », ce qui semble être faux dans ce cas.

Une voiture brûle à côté de la maternité de Marioupol, détruite par une bombe russe [Evgeniy Maloletka / AP]

Cependant, les médias occidentaux ont fait passer les Russes pour les seuls méchants de la guerre en omettant de parler des atrocités commises par les Ukrainiens, comme le déploiement par l’Ukraine d’une bombe à fragmentation dans le centre-ville de Donetsk, qui a tué des dizaines de civils (dont six personnes qui prenaient le bus) et en a forcé beaucoup d’autres à évacuer.

Voir ci-dessous l’horrible reportage de Patrick Lancaster sur les atrocités commises par le gouvernement ukrainien à l’encontre des civils dans le centre-ville de Donetsk (réservé à un public averti) :

RÉSERVÉ À UN PUBLIC AVERTI !
La communauté YouTube a jugé le contenu suivant inapproprié ou choquant pour certains publics.

Des dizaines de personnes tuées par une attaque à la bombe à fragmentation du gouvernement ukrainien contre des civils dans le centre de Donetsk [Patrick Lancaster News Today (PLnewstoday)]

Les médias des États-Unis n’ont pas non plus rapporté comment les hommes du bataillon Azov ont traîné les civils, qui tentaient de quitter Marioupol, hors de leurs voitures et les ont ensuite abattus, comme cela a été filmé. La Russie a en outre été accusée d’avoir bombardé un théâtre de Marioupol où les habitants s’étaient réfugiés, alors que des témoins oculaires ont déclaré que c’était à nouveau l’œuvre des activistes d’Azov au sein de l’armée ukrainienne.

CNN et d’autres médias des États-Unis ont accusé la Russie d’avoir détruit le théâtre de Marioupol alors que des témoins oculaires ont déclaré que c’était l’œuvre des activistes d’Azov au sein de l’armée ukrainienne. [Daily Beast]

On ne sait pas exactement dans quelle mesure la CIA est derrière la couverture médiatique unilatérale de la guerre en Ukraine. Par le passé, l’agence a infiltré des journalistes et financé des revues intellectuelles, et elle a continué à le faire sous la couverture de la National Endowment for Democracy (NED).

Les déclarations de Burns indiquent toutefois sans équivoque que les médias de la nation ont été enrôlés dans la guerre de l’information. RT News a été fermée et des publications grand public comme le New York Times répètent comme des perroquets le point de vue du département d’État sur cette guerre, attribuant toute critique de la politique des États-Unis à de la désinformation russe.

La semaine dernière, la Maison-Blanche est allée jusqu’à inviter et informer une trentaine d’« influenceurs » de premier plan sur les médias sociaux, en particulier ceux de TikTok, une plateforme de vidéos courtes devenue très populaire auprès des jeunes. En utilisant un matériel similaire fourni aux journalistes des médias traditionnels, cela représente clairement un effort supplémentaire de Washington pour propager plus largement la désinformation sur l’Ukraine.

Dans son livre paru en 1928, Falsehoods in a Time War (Mensonges en temps de guerre), Sir Arthur Ponsonby a fourni un schéma directeur de la propagande de guerre qui pourrait être résumé comme suit :

  1. Nous ne voulons pas la guerre.
  2. La partie adverse est seule coupable de la guerre.
  3. L’ennemi est foncièrement mauvais et ressemble au diable.
  4. Nous défendons une noble cause, pas nos propres intérêts.
  5. L’ennemi commet des atrocités à dessein ; nos incidents sont involontaires.
  6. L’ennemi utilise des armes interdites.
  7. Nous subissons de petites pertes, celles de l’ennemi sont énormes.
  8. Des artistes et des intellectuels reconnus soutiennent notre cause.
  9. Notre cause est sacrée.
  10. Tous ceux qui doutent de notre propagande sont des traîtres.

Tout droit sorti du livre de stratégie de la CIA aux alentours de 2022.

Arthur Augustus William Harry Ponsonby, 11st Baron Ponsonby

Sources :


Sources des photographies et illustrations dans le texte :
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Source de la photographie d’en-tête : Reuters (Evelyn Hockstein)
William J. Burns, directeur de la CIA, s’exprimant devant le Sénat lors d’une audition sur les menaces pour la sécurité nationale, début mars
[ Fair use ]


  1. William J. « Bill » Burns (NdT) 

 

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